Semper fidelis

Pour continuer le cours de latin du Boeki Center... ad libitum (ou... ad nauseam ?)

30.3.06

CXXX - Omnis homo mendax

Menteuses, menteurs, bonjour !
Tout homme est menteur ! Attention mesdames, il s'agit de l'homme-homo (donc vous aussi !) et non pas seulement de l'homme-vir. C'est sur homo qu'est construit l'adjectif humanus (errare humanum est).
homme n. m
être humain
homme HOMO, INIS, m
être humain de sexe masculin
homme (opposé à femme) VIR, I, m
Mendax est à la fois adjectif et nom. Dans notre phrase, il est adjectif.






(Au passage, voici un autre proverbe Mendacem memorem esse oportet : "le menteur doit avoir une bonne mémoire". Ici, mendacem est un nom. Oportet est toujours à la 3è personne du singulier. C'est l'équivalent de notre il faut).
OPORTET, ERE, TUIT
sens commun
il faut (devoir absolu, obligation)
construction
EX MALIS ELIGERE MINIMA OPORTET (Cicéron)
"de deux maux, il faut choisir le moindre"
Le on français vient de homo.

Les hommes (otoko) sont menteurs !
Mais il existe dans la littérature française une tirade célèbre qui commence par "tous les hommes sont menteurs", et là il s'agit bien des hommes 男. C'est à la scène 5 de l'acte II de On ne badine pas avec l'amour, la pièce d'Alferd de Musset (1834). Voici l'extrait en question :
"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui."
Tout homme ou tous les hommes ?
Il y a une nuance entre ces deux constructions. Tout homme (au singulier) est plus abstrait : il est dans la nature de l'homme (idéal, abstrait, général) d'être menteur donc tous les hommes (chaque homme, tous les hommes) sont menteurs.

27.3.06

CXX - Nunc est bibendum

Bonjour, à votre santé !



Ce blog continue le cours du Boeki Center, plus particulièrement la liste des 213 phrases, proverbes, expressions, citations latines du dernier cours.

Je voudrais y noter des commentaires sur ces phrases. Vous pourrez bien sûr ajouter vos propres remarques ou poser des questions - soit en cliquant sur "comments" en bas de chaque page, soit en m'envoyant un mail.

Reprenons aujourd'hui le numéro CXX (70), Nunc est bibendum, par lequel on a terminé le cours, et qu'on peut traduire par "maintenant, buvons" (c'est presque 乾杯).
Nunc est bibendum est extrait d'une ode (forme de poème) du poète Horace écrite pour célébrer la fin victorieuse de la bataille d'Actium où les Romains (commandés par Octave, le neveu de Jules César) ont vaincu Cléopâtre et Marc-Antoine en 31 av. J-C. Vous pouvez lire la traduction complète de cette ode sur une page du site de l'académie de Versailles. Le sens général est le suivant : Maintenant nous pouvons boire car nous avons vaincu. Avant, cela aurait été indécent de boire car Rome était en danger.
Vous connaissez déjà nunc, qui signifie "maintenant" et qu'on a rencontré dans l'expression hic et nunc, "ici et maintenant".

Bibendum est une forme du verbe boire qu'on appelle "adjectif verbal". Adjectif par sa forme et son emploi mais toujours issu d'un verbe.

(Vous pouvez cliquer sur le tableau pour l'agrandir).

Littéralement, maintenant, il est devant être bu, donc maintenant c'est le moment de boire, maintenant il faut boire.


Les formes du verbe boire sont bibo, bibis, bibere, bibi, potum (ou bibitum)
Au supin, le verbe a deux formes : bibitum (peu employé) et potum.
C'est de la forme potum que vient "l'eau potable" (l'eau qui peut être bue). Et aussi (par l'intermédiare de potio, onis, f. : - a - action de boire; boisson, breuvage. - b - potion, drogue. - c - poison. - d - philtre) la potion et le poison.

L'empereur romain Tibère (qui aimait boire) était surnommé Biberius, ii.

De la racine de bibere, vient le mot français biberon (ci-dessus) et le célèbre Bibendum Michelin (ci-contre). Ou encore le verbe imbiber.

Les formes en -andus, a, um ou endus, a, um ont le sens de devoir être fait. Ainsi un agenda est fait pour noter les choses qu'on doit faire, les choses à faire.

La forme française à + infinitif a ce sens de devoir être, étant prévu... L'avenir est ce qui est à venir, ce qui doit arriver.

J'ai
des choses à faire, du travail à terminer, des lettres à écrire, des amis à voir, des médicaments à prendre, du linge à repasser...

Voilà pour aujourd'hui. À bientôt pour la suite.

En attendant vous pouvez cliquer sur les liens à droite, vous pouvez -pourquoi pas- lire les nouvelles (nuntii) en latin. Par exemple, cet article sur les manifestations en France contre le CPE : Qui veut essayer de le traduire ?